Guide pratique en gestion de patrimoine

Fiscalité des placements financiers : ce qu’il faut savoir avant d’investir

Entre flat tax, exonérations et niches fiscales, la fiscalité peut transformer un bon placement en un mauvais choix… et inversement. Voici un guide complet pour mieux comprendre la fiscalité de vos placements financiers en France.

 

La flat tax : une imposition forfaitaire sur les revenus du capital

Depuis 2018, les revenus de la plupart des placements financiers (intérêts, dividendes, plus-values) sont soumis à la flat tax, ou prélèvement forfaitaire unique (PFU).
Ce prélèvement est de 30 %, réparti ainsi :

  • 12,8 % d’impôt sur le revenu.

  • 17,2 % de prélèvements sociaux (CSG, CRDS…)

  • Le 6 novembre 2025, les députés ont voté une hausse de la contribution sociale généralisée (CSG) sur les revenus du capital de 9,2% à 10,6%. Ce texte, qui doit encore passer devant le Sénat, unduirait une hausse des pélèvements sociaux et de la flat tax pour les porter respectivement à 18.6% et 31.4% et concernerait les revenus mobiliers (dividendes, plus-values financières, PEL, assurance vie...).

 Il est parfois possible d’opter pour l’imposition au barème progressif si cela est plus avantageux, notamment pour les foyers faiblement imposés. Utilisez votre taux marginal d’imposition pour faire le bon choix, mais attention, cette option est globale.

 

Le PEA et le PEA PME : pour investir en actions tout en optimisant sa fiscalité

Le Plan d’Épargne en Actions (PEA) permet d’investir en actions européennes dans un cadre fiscal avantageux :

  • Pas d’impôt sur les gains après 5 ans de détention, seuls les prélèvements sociaux (17,2 %) s’appliquent.

  • Les versements sont plafonnés à 150 000 € pour un PEA classique, 225 000 € en cumul avec un PEA PME, qui cible les petites et moyennes entreprises.

A savoir : il existe des fonds permettant d’investir dans d’autres classes d’actifs, moins risquées, tout en restant éligible au PEA.

 

Les livrets réglementés : peu rémunérateurs, mais totalement défiscalisés

Voici les principaux livrets exonérés d’impôt sur le revenu et de prélèvements sociaux :

  • Livret A : 1.7 % net d’impôt depuis le 1er janvier 2025, plafond de 22 950 €.

  • LDDS (Livret de développement durable et solidaire) : 1.7 %, plafond 12 000 €.

  • LEP (Livret d’épargne populaire) : 2.7 % pour les revenus modestes (22 823€ pour un célibataire par exemple), plafond 10 000 €

  • Livret Jeune : réservé aux 12-25 ans, taux fixé par les banques (souvent > 3 %), plafond 1 600 €

  • PEL (Plan épargne logement) : la fiscalité dépend de la date d’ouverture. 1.75% pour les plans ouverts à partir du 1er janvier 2025.

Ces livrets sont sûrs, liquides, mais souvent moins rémunérateurs que l’inflation ou d’autres placements, sauf le LEP.

 

L’assurance-vie : une fiscalité très avantageuse.

L’assurance-vie reste un placement fiscalement avantageux à plusieurs titres :

  • Pas d’impôt en l’absence de retrait (hormis les prélèvements sociaux sur le fonds euro).

  • En cas de retrait :

    • Avant 8 ans : flat tax de 30 %.

    • Après 8 ans : abattement annuel de 4 600 € (9 200 € pour un couple) sur les gains, puis taxation à 24,7 % (7,5 % + 17,2 %) (dans la limite de 150 000 € investis pour les primes versées après le 27/09/2017).

  • L'avantage clé : L'impôt sur les seuls gains retirés

    C'est le mécanisme le plus puissant : la fiscalité est appliquée uniquement sur la fraction de plus-value (ou gain) contenue dans le montant que vous retirez, et non sur la totalité du retrait (capital inclus)

    • Exemple: vous placez 300 000€ qui deviennent, quelques années plus tard, 400 000€ (plus-value de 100 000€).

    • Si cet investissement avait été réalisé via un compte-titres: si vous vendez la totalité pour sécuriser les fonds, les 100 000€ de gains sont immédiatement imposés (Flat Tax de 30% = 30 000€), même si l'argent reste sur le compte espèces du Compte-Titres.

      • Calcul: flat tax de 30% appliquée à 100 000€ = 30 000€ d’impôt (12.8%+17.2% de prélèvements sociaux).

    • En assurance-vie, si vous êtes investi en unités de compte vous n’êtes imposé qu’au moment du retrait (sur le fonds euros, les prélèvements sociaux sont prélevés au fil de l’eau).

      • Calcul: le contrat est désormais composé à 75% de vos versements (300 000€/400 000€) et à 25% de plus-values (100 000€/400 000€).

      • Si vous retirez 100 000€, ce retrait contient 25% de gains, soit 25 000€. Vous devrez alors vous acquitter de la flat tax (PFU de 30%) uniquement sur cette somme, soit 7 500€ d’impôt au lieu de 30 000€ en compte-titres.

        • (NB: vous pourriez également opter pour l’impôt sur le revenu si votre taux marginal d’imposition est inférieur au taux de 12.8%).

      • Après 8 ans : abattement de 4 600€ (pour une personne seule) : 25 000 – 4 600 = 20 400€ de gains imposables et taux de 7.5%.

        • PFU de 7.5% uniquement sur les gains après abattement (25 000€ - 4 600€) = 1 530€ d’impôt.

        • Prélèvements sociaux: 17,2% × 25 000€ = 4 300€.

        • Au total, votre impôt s’élèvera à 5 830€.

        • (Cas particulier: pour les primes versées après le 27/09/2017, si leur total dépasse 150 000€, le taux de 7,5% ne s'applique que jusqu'à cette limite proportionnelle. Au-delà, le taux d'impôt monte à 12,8%).

  • Transmission :

    • Exonération partielle ou totale selon les montants et la date de souscription (ex. abattement de 152 500 € par bénéficiaire pour les sommes issues des primes versées avant 70 ans).

    • Pour les primes versés avant les 70 ans de l’assuré (régime de l’article Article 990 I du CGI), il n’y a pas pas, lors de la transmission, de distinction sur l’origine des sommes entre primes versées par le souscripteur et les plus-values. Les capitaux décès versés sont imposés à 20% au delà de 152 500€ par bénéficiaire et jusqu’ à 852 500€, puis à 31.25%.

    • Pour les primes versés après 70 ans de l’assuré (régime de l’article Article 757B du CGI), les plus-values sont totalement éxonérées d’impôts lors de la transmission. Seules les sommes provenant des primes versées par l’assuré sont fiscalisées aux droits de mutation classiques et au-delà d’un abattement de 30 500€ à se partager par bénéficiaires, au prorata.

      => Il est donc parfois judicieux d’ouvrir un nouveau contrat après 70 ans, contrairement aux idées reçues, lorsque les sommes d’un contrat 990I dépassent 152 500€ par bénéficiaire car les plus-values ne seront pas imposées au titre des droits de mutation (à l’exception des prélèvements sociaux) et les bénéficiaires profitent d’un nouvel abattement de 30 500€ à se partager. Le diable se cachant dans les détails, il faut toutefois regarder à quel taux marginal des droits de succession seront taxées ces primes transmises en fonction du reste du patrimoine transmis.

L’assurance-vie est un outil patrimonial très souple, souvent utilisé pour la gestion de long terme et la préparation successorale.

 

Les dispositifs fiscaux incitatifs : FCPI, PER, PEE…

Certains placements visent à orienter l’épargne vers des secteurs stratégiques ou à favoriser la préparation de la retraite. Ils offrent des avantages fiscaux en contrepartie d’un blocage temporaire ou d’un risque accru.

  • FCPI / FIP : réduction d’impôt de 18 % à 25 % du montant investi, sous conditions de conservation de 5 ans minimum.

  • PER individuel (Plan Épargne Retraite) :

    • Déductibilité des versements du revenu imposable (plafond annuel).

    • Sortie possible en capital ou en rente, avec une fiscalité au moment de la liquidation.

  • PEE / PERCO / PERECO : plans d’épargne entreprise, avec exonérations d’impôt sur les gains si les sommes sont bloquées 5 ans.

 

Conclusion : bien choisir ses placements, c’est aussi bien connaître leur fiscalité

La fiscalité, et notamment le moment où elle s’applique, n’est pas un détail : elle peut amputer le rendement d’un placement ou au contraire le sublimer (car tant qu’aucune fiscalité n’est prélevée, une somme d’argent plus importante continue à se rentabiliser).
Entre exonération, imposition forfaitaire, abattements et niches fiscales, chaque produit a sa logique propre. Pour une stratégie patrimoniale efficace, il faut combiner performance, durée, fiscalité et objectifs personnels.

Un conseiller en gestion de patrimoine vous aide à arbitrer entre ces paramètres pour construire une stratégie sur-mesure.

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