
Guide pratique en gestion de patrimoine
Réduire ses impôts sur les revenus d’activité : les principales solutions de défiscalisation

La fiscalité en France peut paraître lourde, surtout pour les revenus d'activité. Pourtant, afin de flécher l’épargne des français et soutenir certaines activités économiques et sociales, la loi prévoit une multitude de dispositifs permettant de réduire considérablement son impôt. Utilisés avec méthode, ces leviers fiscaux permettent de transformer une charge en opportunité patrimoniale. Voici un panorama des principales solutions à disposition des contribuables.
Déduction, réduction et crédit d’impôt : bien comprendre la différence
Avant d’entrer dans les solutions concrètes, il est essentiel de distinguer trois mécanismes fiscaux fondamentaux :
Une déduction d’impôt permet de réduire le revenu imposable (l’assiette de calcul) avant que l’impôt ne soit calculé. Moins vous déclarez de revenus, moins vous payez d’impôt. C’est le cas, par exemple, des versements sur un Plan Épargne Retraite (PER) ou des charges liées à un déficit foncier.
Une réduction d’impôt, en revanche, s’applique directement sur le montant de l’impôt à payer. C’est une somme que vous pouvez soustraire de votre impôt calculé, comme avec les FIP, FCPI, dispositifs immobiliers (Denormandie, Malraux) ou encore les dons aux associations.
Un crédit d’impôt est une somme soustraite du montant de l’impôt que vous devez payer… mais avec une particularité très avantageuse : si le crédit dépasse le montant de votre impôt, l’État vous rembourse quand même la différence.
La bonne stratégie consiste souvent à combiner ces trois leviers pour d’agir à la fois sur le revenu et sur l’impôt.
Réduire son revenu imposable grâce à l’épargne retraite
L’un des moyens les plus efficaces pour alléger sa fiscalité consiste à réduire la base imposable. Le Plan Épargne Retraite (PER) permet cela de manière simple et directe. Les versements volontaires réalisés sur un PER sont déductibles des revenus imposables, dans la limite de 10 % des revenus professionnels ou du Plafond Annuel de la Sécurité Sociale (47 100 € en 2025). L’objectif de l’Etat est ici d’inciter les actifs à se constituer une épargne-retraite complémentaire.
Plus la tranche marginale d’imposition (TMI) est élevée, plus l’économie d’impôt est significative. Par exemple, un versement de 10 000 € sur un PER peut permettre d’économiser jusqu’à 4 500 € pour un foyer imposé à 45 %. Cette solution est particulièrement pertinente pour les professions libérales, dirigeants d’entreprise ou cadres ayant un revenu élevé et souhaitant constituer une retraite tout en réduisant leur fiscalité.
Attention toutefois, les revenus perçus à la retraite seront fiscalisés s’ils ont bénéficié d’un avantage fiscal au moment de l’épargne. Il faut donc que le taux marginal d’imposition soit inférieur au moment de la retraite. Mais quoi qu’il en soit, le montant investi au départ sera supérieur pour un même effort d’épargne et c’est surtout cet aspect qui est à prendre en compte.
Investir dans l’immobilier pour défiscaliser les revenus d’activités
Le dispositif Denormandie
L’investissement immobilier est historiquement utilisé comme outil de défiscalisation. Depuis la fin du dispositif Pinel fin 2024, les investisseurs se tournent vers d'autres alternatives comme le dispositif Denormandie. Celui-ci s’applique à l’achat d’un bien ancien situé dans certaines zones ciblées, à condition de réaliser des travaux représentant au moins 25 % du coût total de l’opération. En échange d’un engagement locatif sur 6, 9 ou 12 ans, vous pouvez obtenir une réduction d’impôt allant jusqu’à 21 % du montant investi.
Il existe toutefois des contraintes : Les loyers sont plafonnés, les locataires doivent respecter des plafonds de ressources, et les logements doivent être situés dans une commune éligible).
Le déficit foncier
Autre solution : le déficit foncier. Il s’adresse aux contribuables qui investissent dans l’ancien et réalisent des travaux importants. Les charges déductibles (travaux, intérêts d’emprunt, frais de gestion) peuvent générer un déficit reportable sur les revenus fonciers, mais aussi sur le revenu global jusqu’à 10 700 € par an. Cela permet, concrètement, de réduire l’impôt sur le revenu tout en valorisant un bien immobilier.
La loi Malraux
Ce dispositif concerne les investisseurs qui achètent un bien ancien à rénover, situé dans un secteur sauvegardé ou une zone de protection du patrimoine architectural urbain. Il permet une réduction d’impôt allant jusqu’à 30 % des travaux réalisés, dans la limite de 400 000 € sur 4 ans.
En contrepartie, l’investisseur s’engage à mettre le bien en location nue pendant 9 ans.
La loi Malraux est hors plafond des niches fiscales, ce qui en fait une solution puissante pour les contribuables fortement imposés souhaitant valoriser un bien de caractère.
Le dispositif Monument Historique
Encore plus ambitieux, ce régime permet aux investisseurs achetant un bien classé ou inscrit à l’inventaire supplémentaire des Monuments Historiques de déduire la totalité des travaux engagés du revenu global, sans plafond.
Ce régime est réservé à des biens très spécifiques, soumis à l’avis de l’architecte des Bâtiments de France et à des engagements stricts de conservation.
Les avantages :
Aucune obligation de location.
Déduction totale des charges (travaux, intérêts d’emprunt, assurances…)
Transmission du bien facilitée (exonération partielle de droits de mutation sous conditions).
Le Monument Historique est donc un outil patrimonial d’exception, combinant optimisation fiscale, conservation du patrimoine et transmission familiale.
Profiter des crédits d’impôt accessibles à tous
Contrairement aux réductions d’impôt, les crédits d’impôt sont remboursables même si vous ne payez pas d’impôt. Ils constituent donc une solution universelle, accessible à tous les foyers fiscaux.
Parmi les plus connus, on retrouve le crédit d’impôt pour l’emploi à domicile (ménage, jardinage, garde d’enfant), qui rembourse jusqu’à 50 % des sommes engagées dans une certaine limite. Autre exemple : les travaux de rénovation énergétique dans la résidence principale, via MaPrimeRénov’, actuellement suspendue en raison des fraudes, peuvent représenter plusieurs milliers d’euros de remboursement selon la nature des travaux.
Ces crédits sont cumulables avec d’autres dispositifs, ce qui en fait un levier complémentaire pour optimiser sa fiscalité.
Soutenir l’économie réelle avec des placements défiscalisants
Certains produits financiers permettent de réduire directement l’impôt tout en participant au financement des PME. C’est le cas des FIP (Fonds d’Investissement de Proximité) et des FCPI (Fonds Communs de Placement dans l’Innovation).
Ces véhicules d’investissement offrent une réduction d’impôt sur le revenu allant de 18 à 30 % du montant investi, en contrepartie d’un blocage des fonds pendant 5 à 10 ans. Les FIP Corse et FIP Outre-mer bénéficient d’un taux bonifié.
Attention cependant : tous les fonds ne se valent pas. Les performances varient fortement d’un gestionnaire à l’autre et ces produits doivent être choisis pour leur stratégie d’investissement et non pour leur avantage fiscal.
Bénéficier de dispositifs ultramarins à fort effet de levier
Le dispositif Girardin (industriel ou logement social) permet de réduire l’impôt dès l’année suivante, avec un avantage fiscal supérieur au capital investi. Le Girardin n’est pas un crédit d’impôt : si l’impôt est inférieur à la réduction, le surplus est perdu.
Concrètement, un investissement de 9 000 € peut donner lieu à une réduction d’impôt de 10 000 €, soit un gain immédiat de 1 000 €.
Ce type d’opération doit être strictement encadré par des professionnels spécialisés pour éviter les risques de requalification ou de non-conformité.
Optimiser en combinant plusieurs dispositifs
En combinant déductions, réductions et crédits d’impôt dans une stratégie globale, il devient possible de réduire significativement sa pression fiscale tout en diversifiant son patrimoine.
Toutefois, une partie de ces avantages fiscaux est soumise à un plafond annuel : le plafonnement global des niches fiscales. Il est fixé à 10 000 € par an et par foyer fiscal. Cela signifie que, pour la majorité des réductions d’impôt (Denormandie, FIP, FCPI, dons, etc.), les économies réalisées au-delà de ce seuil ne sont plus prises en compte.
Mais certaines solutions échappent à ce plafonnement. C’est notamment le cas :
Du déficit foncier (déductible du revenu global jusqu’à 10 700 € par an).
Du dispositif Girardin (en Outre-mer).
En pratique, cela signifie que l’on peut parfaitement structurer une stratégie combinant :
Une déduction de revenu via un PER ou un déficit foncier.
Une réduction d’impôt plafonnée via un FIP ou des dons.
Une réduction via un Girardin qui bénéficie de plafonds spécifiques beaucoup plus élevés.
Exemple d’une stratégie concrète :
10 000 € sur un PER → réduction de la base imposable
20 000 € de travaux sur un bien locatif → déficit foncier imputable
3 000 € en emploi à domicile → crédit d’impôt
Avec ce montage, un contribuable peut cumuler plus de 12 000 € d’économies fiscales sans excéder les plafonds réglementaires.
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